La pièce était sombre, une atmosphère lugubre en émanait. La seule source de lumière présente était une bougie, crépitant faiblement sur son bougeoir, menaçant à chaque seconde de s’éteindre et de plonger ainsi l’endroit dans l’obscurité totale.
Le regard de l’homme était rivé sur la flamme, la fixant avec une concentration dont lui-même ne s’était jamais cru capable. Un bruit strident retentit alors. La réaction de l’homme fut immédiate : il se rua vers en direction du lit qui se trouvait à l’autre bout de la pièce et s’empara d'un couteau, caché sous la taie d’oreiller. Il le dissimula derrière son dos, et revint à sa place, aux aguets. Des bruits de pas lui parvinrent aux oreilles et bientôt, une lumière surgi de nulle part, jaillissant brusquement, l’aveuglant complètement.
« CHIER ! » grogna-t-il en mettant un bras devant son visage, tentant de se protéger de cette lumière éblouissante.
« C’est lui, là ? » demanda une voix, qu’il identifia comme appartenant au gardien.
« Oui, c’est bien lui. » répondit une autre voix.
C’était celle d’un homme mais Bosn ne reconnaissait pas la voix.
L’intensité de la lumière se réduisit et Bosn put enfin voir la silhouette de l’homme. Il cligna des yeux plusieurs fois, et put distinguer l’inconnu un peu mieux. Il était grand, un peu corpulent, et avait des cheveux d’un noir de jais. Il portait un costume sombre et regardait dans sa direction, un air neutre sur le visage.
Le garde agita un énorme trousseau de clefs et ouvrit la porte de la cellule.
« Je vous laisse cinq minutes, criez s’il commence à s’agiter, il délire, c’mec là. »
« Bien. » répondit l’inconnu d’une voix tranquille.
Le garde hocha la tête et disparut dans le couloir sombre.
Bosn fixa l’inconnu d’un air interdit et les deux échangèrent un long regard jusqu’à ce que l’inconnu s’exprime, brisant ainsi le silence :
« Viktor. Quelle chance de pouvoir enfin m’adresser à vous."
Bosn écarquilla les yeux à l’usage de son vrai prénom et resserra d’une manière presque instinctive son emprise sur le couteau.
« Z’êtes qui ? » demanda Bosn à l’adresse de l’homme.
Même à lui-même, sa voix lui parut rocailleuse. Après tout, il n’avait presque pas sorti un mot depuis son arrivée ici, quelques semaines auparavant. Il avait perdu la notion du temps. Depuis combien de temps était-il enfermé dans ce cachot ? 2 semaines ? Un mois ? Les jours défilaient et étaient identiques, plongé dans l’atmosphère morbide de sa cellule.
« Tu ne me reconnais pas ? » interrogea l’homme d’un ton amusé.
« Je devrais ? » répliqua Bosn.
« On m’appelle Tibs » répondit simplement l’homme en haussant les bras. « Et tu connais mon père »
Bosn l’inspecta avec attention. Et maintenant qu’il regardait avec un peu plus d’attention, l’individu lui rappelait vaguement quelqu’un. Puis après quelques secondes, ses yeux s’écarquillèrent.
« Sainte mère de Dieu ! » jura-t-il. « Tu es le fils de Sofa ! »
Pour seule réponse, Tibs se contenta de sourire mystérieusement.
« J’croyais que t’étais mort. » accusa Bosn.
« Je suis devant toi, cela prouve que je ne le suis pas, non ? »
Bosn laissa échapper un grognement, grommelant des insultes à voix basse à l’encontre de l’homme.
Ce dernier restait serein, un air paisible ornant son visage et regardait Bosn d’un air amusé.
« Qu’est-ce que tu veux ? » aboya alors Bosn agressivement, irrité par son expression.
« De l’argent. Un empire. Construire ce que mon père n’a jamais pu faire. » expliqua simplement l’homme.
Bosn ne put s’empêcher d’éclater d’un rire tonitruant, regardant Tibs avec un mépris non dissimulé.
« On a tous échoué… Ton gros porc de père a échoué, j’ai échoué, et tu échoueras de la même façon… » lança Bosn avec hargne. « Tu crois qu’avec ton petit costume de riche tu vaux mieux que moi ? J’ai fais l’armée, j’en ai vu des choses… »
« C’est la différence entre vous et moi… Vous étiez dans l’optique de guerre et mon but est de faire des affaires, d’avoir un empire lucratif. Pas de passer mon temps à organiser des tueries. » répondit Tibs, l’air sérieux.
« Le pouvoir s’obtient avec les armes… » murmura Bosn pour lui-même.
Il tourna à nouveau le regard en direction de Tibs et lança :
« Et qu’est-ce que tu me veux ? »
« Certains de tes contacts à Los Santos. »
« Et pourquoi je te les donnerais ? »
« Tu ne souhaites pas sortir de ce trou ? » demanda Tibs en jetant un regard circulaire à la cellule. « M’enfin, le confort te plaît peut-être."
« Et comment tu vas me faire sortir ? Mes crimes sont trop graves. Tu n’as pas le bras assez long. »
À ce moment-là, deux silhouettes apparurent derrière l’homme, capuchonnées.
« C’est bon, patron. » lança l’une d’elle ayant une voix de femme, nettoyant un couteau avec ce qui ressemblait à un vieux chiffon usé. « La voiture nous attend. »
« Bien. » lança simplement Tibs en se tournant ensuite vers la seconde silhouette.
Sans qu’un mot sois prononcé, la personne, bien plus robuste que la première silhouette s’approcha de Bosn et l’attrapa par le bras le forçant à se mettre debout.
« Allez bouge. » dit-il en pointant le canon d’une arme sur son crâne. « Un faux pas et ta tête explose. »
Bosn se releva difficilement, sortant de la cellule derrière les étrangers.
Il était un peu plus de midi et comme à son habitude, le soleil tapait fort sur la ville de Los Santos. Tibs posa son verre sur le comptoir du bar, enlevant ses lunettes de soleil noires, les déposant aux côtés de son verre presque intact. Il se tourna ensuite vers l’homme qui lui faisait face qui s’empressa de tendre devant lui une pléthore de documents :
« Voilà les documents, Monsieur Zyryanov. » lança le promoteur immobilier avec un sourire. « Il ne vous reste plus qu’à les signer et le club est à vous. »
Tibs hocha la tête, jetant un regard aux lieux. C’est là que commençait son empire à Los Santos. Avec ce club qu’il allait transformer en boite de nuit, et qui, il l’espérait, lui fournirait ce dont il avait besoin.
Il s’empara alors du stylo puis apposa sa signature. Ainsi commençait l’ère de la Propaganda et du début de son empire sur la ville.